quarta-feira, 4 de novembro de 2015

A representação pública da peça La ville dont le prince est un enfant foi seguida (e precedida também) de um coro de críticas e opiniões grande parte das quais apontava as analogias da obra com o grande teatro do século XVII, nomeadamente com a Fedra de Racine. O próprio Montherlant escreve no Posfácio do texto: " La Ville est de ces pièces qui, comme les pièces des tragiques grecs ou celles du XVIIe siècle français, s'appuient sur deux psychologies: une psychologie qui est d'époque, et une psychologie qui est de toutes les époques. La seconde fait passer la première." ( in Posface p 189).
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- HENRIET: Est-ce que tu as tenu ta mère au courant?

- SEVRAIS: A moitié.

- HENRIET: Tu me rappelles de Linsbourg quand je lui ai demandé s'il disait tout en confession. Il ma répondu: "Je dis tout, mais pas les détails." Alors, ta mère supporte Souplier?

- SEVRAIS: Elle le suporte pour que je la supporte.

- HENRIET: Je pige pas.

- SEVRAIS: Je ne pouvais m'empêcher de prononcer le nom de Souplier, c'était plus fort que moi, et comme je rougissais en le prononçant, elle s'est mise à me picoter. D'ailleurs avec gentillesse, de sorte que je me suis découvert un peu. Un jour elle s'est écriée qu'elle savait tout. Elle voulait me faire voir qu'elle est fine, mais elle me faisait voir qu'elle n'est pas fine, car tout de suite je me suis refermé, et ce n'était pas ce qu'elle voulait. Elle a fouillé dans mon cartonnier, en forçant la serrure, et na rien trouvé. Moi, tu le devines, toujours de plus en plus fermé. Alors volte-face: elle s'est remise à me parler de lui gentiment, et moi je me suis rouvert. Avant tout, maintenant, ma mére veut garder ma confiance, et que je reste gai et ouvert avec elle. Nous parlons de Souplier presque tous les jours. Elle l'a appelé: "Ton petit copain." Je n'aime pas quand elle l'appelle comme ça. Ma mère n'as pas le ton. C'est difficile, de trouver le ton, quand on est parent. (...) Par lui, elle demeure dans ma vie. Par lui, elle me conserve. Et elle sacrifierait tout à cela. Elle est comme Agrippine avec Néron.

- HENRIET: Et du même coup, elle te rapproche de lui. Ça, c'est costaud.

- SEVRAIS: Une mère, c'est la langue d'Ésope: le meilleur et le pire. Mais, cette fois, je voulais être en paix avec tous, autant qu'avec moi-même (...).


  Montherlant, Henry de. La ville dont le prince est un enfant. Paris: Folio/ Gallimard, 1997, pp 75 - 76.
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