quarta-feira, 23 de abril de 2014


Au bord de toi je vis, je meurs. Au bord de toi je m'enchante, et je triche, et j'existe et je ne suis plus rien dès que, mêlé à toi, ta graisse généreuse nourrit mes os glacés, mes os d'enfant. Je suis l'os. Le serpent mou, insidieux, insistant, c'est toi.
   Et tu m'étouffes, et tu me vides ma carcasse, et je deviens ton ombre, et tu me traînes dans tes sentiments, et on me voit sortant de toi, de tes yeux, au fond de ta conscience et de ta peau.
   Je suis ton épure. Attends que je m'accroche à toi comme à l'arbre l'oiseau persécuté, attends que je t'appelle du fond des vies vécues, du fond des morts nouvelles vers ces planètes bienheureuses où les anges donnent leur foutre à qui promet de se couper les ailes. Les anges ont leurs couilles sous les aisselles. Quand ils font l'amour, ils s'éploient et géométrisent l'azur. Je suis ton ange. J'écris dans l'air ta figure, et ce vide vertigineux qui remplit tes culottes du rêve des garçons. Tu es le vide et tu m'emplis.
 
 
   Ferré, Léo. Alma Matrix. Monaco: Éditions La Mémoire et la Mer, 2000, p 21.
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