sábado, 1 de fevereiro de 2014

 
 
   Cette abondance de paroles constitue la preuve même que vous ne répondez pas à ma question. Qu'y a-t-il encore, en dehors de la mégalomanie?
Un auditeur: Un sentiment d'insécurité.
Un auditeur: Un sentiment d'infériorité.
   Oui, au lieu de la folie des grandeurs, on est atteint de la "folie de la petitesse". Le complexe d'inferiorité est un signe typique d'inflation. Il y a des petites souris invisibles et douces qui tyrannisent le monde. Elles souffrent, et tout le monde doit souffrir avec elles de l'inflation qu'elles subissent. On peut aussi subir une inflation de façon négative, c'est-à-dire en allant presque jusqu'à mourir de cette petitese. C'est comme de mourir de la folie des grandeurs. Personne n'est plus sensible que le sujet souffrant d'un complexe d'infériorité. Il convient de se comporter vis-à-vis de ces individus comme s'ils étaient le pape en personne; ils souffrent d'un complexe d'infériorité et le monde entier doit s'incliner devant eux, car il ne faut pas heurter le pauvre petit ver, pensez donc! Le complexe d'infériorité peut se révéler aussi pénible que la folie des grandeurs.
   En ce qui concerne l'identification au rôle du héros ou même au rôle divin, il n'est pas besoin de souffrir de schizophrénie pour se représenter soi-même sous les traits d'un héros. On réchauffe cette idée en soi-même jusqu'au jour où l'on se croit devenu le Messie. On se met alors à éprouver un détestable complexe d'infériorité, et on se console à la maison avec l'idée que le jour viendra où tout le monde pourra se rendre compte que l'on est un génie. Car il y a un rapport entre le très petit et le très grand: ils sont la manifestation d'une même chose.
 
 
  Jung, Carl Gustav. Sur l'interprétation des rêves. Paris: Albin Michel, 1998, pp 214 - 215.
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