quinta-feira, 17 de março de 2016



Quelq'un vient et repart, nous laisse avec ces
murs qui tiennent bon, ces chemins séparés
d'eux-mêmes, ces corps remplis de cellules inem-
ployées, de crevasses où disparaissent nos espoirs.
Quelqu'un vient, nous abandonne. Seule reste la
vie complice du jour et de la nuit, seul demeure ce
peu de paysage auquel nous sommes amarrés
comme à une voix qui fait battre le coeur.

Nous ne connaîtrons peut-être jamais ce qu'il y a
de plus secret dans une seconde qui blesse ou
guérit d'une autre seconde; peut-être ne saurons-
nous jamais aimer avec ces mains de fragiles
émotions qui nous élèvent et nous engloutissent,
peut-être vivrons-nous à jamais avec des lettres
inachevées, perdues, illisibles.


  Dorion, Hélène. D'argile et de souffle (Poèmes choisis 1983-2000). Montréal: Éditions TYPO, 2002, p 111 ( Choix et préface de Pierre Nepveu).
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